Certains patients signalent à leur médecin des effets secondaires de leur antibiotique ou de leur traitement cardiaque parfois étranges, parfois plutôt sympathiques. Cela mène quelque fois à de nouveaux traitements des maladies mentales ou à la découverte du Viagra…
De nombreux médicaments trouvent au cours de leur vie un usage totalement différent de celui pour lequel ils ont été créés et commercialisés. Dans le cas de la tuberculose par exemple, un antibiotique utilisé dans les années 50 pour la soigner entrainait un certain nombre d’effets indésirables comme de l’excitation et des insomnies. On a donc découvert par hasard, grâce à cette observation, un nouveau traitement efficace pour les patients dépressifs. Certains scientifiques estiment que ces "heureux hasards", même s’ils sont peu fréquents, sont un moyen utile de découvrir de nouveaux traitements. Le terme de "sérendipidité" (anglicisme) est utilisé pour désigner en sciences ce phénomène qui consiste à découvrir fortuitement une chose, alors qu’on en cherchait une autre (par exemple l’étude des ondes radar qui aboutit à l’invention du four à micro-ondes).
Voici quelques exemples de médicaments qui ont changé de voie au cours de leur existence, du fait du hasard ou de la constatation d’effets imprévus (Bant TA, 2006) :
Enfin, l’efficacité clinique d’un antipaludéen (traitement du paludisme) pour lutter contre l’infection par le terrible virus Ebola a été découverte presque fortuitement, lorsque le centre de soins de Foya au Liberia s’est trouvé en rupture de stock d’artemether-lumefantrine. Pendant deux semaines, les patients ont donc été traités avec une autre association antipaludéene, l’artesunate-amodiaquine, et les médecins ont constaté une réduction de la mortalité des patients infectés par Ebola (Gignoux E 2016).
Même les médicaments les plus modernes et high-tech, sensés agir de façon précise et pointue, font parfois l’objet de découverte d’effets non prévus : des médicaments "anticytokines", utilisés dans le traitement de maladies inflammatoires chroniques (rhumatismes ou maladies intestinales par exemple) ont vu leur propriété antidépressive révélée par une méta-analyse de 2016 (Kappelmann N et coll.). En analysant les données de vingt études sur les anticytokines, ces chercheurs britanniques ont constaté un effet antidépresseur significatif chez les patients souffrant de dépression, indépendamment de l’effet du médicament sur leur maladie inflammatoire.
D’une façon générale, il y a peut être déjà dans nos armoires à pharmacie les traitements de demain pour des maladies aujourd’hui difficiles à traiter, qui sait ?
Date de publication initiale : 13 DÉCEMBRE 2015
Références :
15 octobre 2017, 22:51, par Gilib
Bonjour un autre exemple surprenant, la mirtazapine qui est un antidépresseur chez les humains, est utilisé chez le chat par les vétérinaires pour lui redonner de l’appétit dans le cadre de certaines maladies.
15 octobre 2017, 23:31, par Dr Phil
Merci pour votre exemple. Dans le cas de la mirtazapine, c’est son effet secondaire sur l’appétit qui est utilisé dans l’exemple que vous citez (chez l’homme il s’agit d’un effet indésirable connu, le traitement par mirtazapine pouvant ainsi entraîner des prises de poids).
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